Au cours des dernières années, la chaîne d’approvisionnement mondiale a souffert de nombreux problèmes, insuffisances et blocages. Diverses causes et solutions ont été avancées par des personnes du monde entier. Cependant, en tant que situation complexe, il n’existe pas une seule cause contributive et tout n’est pas lié à un événement précis.
Examinons quelques-unes des principales causes des pénuries actuelles dans la chaîne d’approvisionnement mondiale et les mesures susceptibles d’atténuer la situation et de ramener le système vers la normale. Veuillez noter que les causes énumérées ci-dessous sont numérotées pour plus de clarté mais ne sont pas classées par ordre d’importance.
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Plan de l'article
- Cause n° 1 : tensions en mer Rouge
- Cause n° 2 : la sécheresse au canal de Panama et le changement climatique
- Cause n° 3 : les séquelles de la pandémie de coronavirus
- Cause n° 4 : facteurs géopolitiques, dont un renforcement des réglementations
- Des solutions pour la chaîne d’approvisionnement ?
- Résumé et réflexions finales
Cause n° 1 : tensions en mer Rouge
La première grande cause est la congestion dans les principaux ports mondiaux au cours des dernières années. Bien qu’il y ait plusieurs raisons à cet état de fait, l’événement sans doute le plus connu est le blocage du canal de Suez en 2021 par le porte-conteneurs Ever Given, qui a restreint le commerce pendant une semaine en mars 2021.
Moins connue, toutefois, est la récente recrudescence de la piraterie en mer Rouge, qui abrite de nombreux ports essentiels. Dans le cadre du conflit israélo-palestinien, les navires de commerce naviguant en mer Rouge sont pris pour cibles par les Houthis, mouvement religieux qui a provoqué le changement de régime au Yémen en 2014, déclenchant une guerre civile.
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Les tactiques de piraterie ont cependant beaucoup évolué depuis l’époque de Barbe-Noire et Jean Lafitte : les pirates houthis utilisent désormais des drones, des vedettes rapides et même des frappes aériennes pour attaquer, arraisonner ou détruire des navires marchands, compliquant considérablement leur protection.
Cette zone est vitale pour le commerce mondial : on estime que 30 % du fret mondial transite par les 150 kilomètres du canal de Suez, reliant la mer Rouge à la Méditerranée et permettant aux cargaisons de circuler entre l’Europe et l’Asie sans contourner le cap de Bonne-Espérance.
C’est aussi un rappel de futures vulnérabilités, comme l’explique Philip Heilmann, PDG d’une entreprise de logistique :
« Si peu de catastrophes égalent l’ampleur de la crise du canal de Suez, le chaos qu’elle a provoqué a montré à quel point notre chaîne d’approvisionnement mondiale est fragile — et souligné l’urgence de créer des redondances avant que la prochaine perturbation inattendue ne survienne. »
Cause n° 2 : la sécheresse au canal de Panama et le changement climatique
Autre problème majeur : la sécheresse historique qui a frappé la région du canal de Panama en 2024. Le canal dépend des eaux du lac Gatún voisin, qui a récemment atteint ses niveaux les plus bas jamais enregistrés. L’Autorité du canal de Panama a donc dû limiter le nombre de navires autorisés à le franchir.
Bien que le canal de Panama ne soit pas aussi essentiel que la mer Rouge — seulement 2,5 % des trajets de fret y passent — il a néanmoins contribué à la crise globale. Le problème est aujourd’hui résolu et la situation est en grande partie revenue à la normale, mais il illustre un enjeu plus vaste : le changement climatique. À mesure que sécheresses, variations de température et autres effets climatiques se feront sentir, davantage de routes maritimes seront touchées à l’avenir.
Si confinements et obligations de masque relèvent désormais du passé, de nombreux effets directs et indirects de la pandémie de COVID-19 subsistent. Certains estiment que les problèmes logistiques apparus alors ne se sont jamais vraiment dissipés ; d’autres pensent que la plupart ont été résolus.
Un point fait consensus : la pandémie a entraîné une hausse générale de la demande qui perdure. La faillite de nombreuses petites entreprises due aux confinements et restrictions de déplacement a fait exploser le e-commerce et l’appétit pour les produits importés. S’y ajoute la volonté de « faire des stocks » en prévision d’un possible futur choc sanitaire.
Par ailleurs, la pandémie a bouleversé la relation sino-américaine. Malgré des différends commerciaux persistants et la menace d’augmentations tarifaires, la COVID-19 a été le catalyseur le plus puissant d’un changement dans leurs relations commerciales. Dès 2020, Curtis Chin, Senior Fellow au Milken Institute, déclarait :
« Les économies américaine et chinoise — des chaînes d’approvisionnement aux flux d’investissements et d’échanges — resteront intriquées pendant des années. La crise du coronavirus a toutefois rappelé aux États-Unis et aux partenaires de la Chine la valeur d’une diversification hors de Chine. »
Cinq ans plus tard, cette prévision s’est confirmée : les différends commerciaux se sont intensifiés. Alors que les deux nations reconfigurent leurs chaînes logistiques, des difficultés de transition touchent non seulement la Chine et les États-Unis, mais aussi d’autres pays, en particulier ceux qui se trouvent entre les deux et voient leurs flux commerciaux diminuer. Ces ajustements devraient se poursuivre à court terme.
Cause n° 4 : facteurs géopolitiques, dont un renforcement des réglementations
Les facteurs géopolitiques — réglementations accrues, différends commerciaux, tarifs, embargos, instabilité politique, fiscalité, grèves, etc. — compliquent eux aussi la chaîne d’approvisionnement. Deux points dominent :
- La répression du “travail forcé”. Divers pays, et plus récemment l’Union européenne, ont adopté des lois visant à interdire la vente de produits impliquant esclavage ou travail des enfants. Sur le plan moral, ces mesures sont largement saluées ; logistiquement, elles génèrent davantage de formalités pour prouver l’absence de travail forcé, ce qui rallonge les délais et peut détourner certains navires vers des ports moins réglementés.
- La hausse des frais de transport. Un rapport de la CNUCED d’octobre 2024 révèle que, malgré un recul par rapport aux pics de la COVID, les tarifs de fret maritime restent 115 % plus élevés que la moyenne pré-2019, et le double des tarifs de 2023. Résultat : des prix plus élevés pour les consommateurs, nourrissant la tentation de constituer des stocks, ce qui accroît la demande, aggrave les retards et la congestion des routes maritimes, et augmente les émissions carbone.
Des solutions pour la chaîne d’approvisionnement ?
Certaines causes — instabilité politique, taxes, catastrophes naturelles — resteront hors de contrôle. Cependant, disposer de plans de secours et de routes alternatives est indispensable.
Les entreprises doivent surveiller les événements mondiaux, même peu médiatisés, susceptibles d’affecter leur logistique, prévoir des itinéraires et procédures de remplacement pour parer aux incidents et contribuer à la lutte contre le changement climatique afin de réduire les risques de catastrophes naturelles perturbant le transport des marchandises.
Résumé et réflexions finales
La crise actuelle de la chaîne d’approvisionnement s’explique par un ensemble de facteurs : crises géopolitiques, changement climatique, blocages de canaux obligeant à des détours, impacts de la COVID-19, etc. Certaines causes sont inévitables, mais une planification rigoureuse et des plans de secours détaillés permettent d’en surmonter d’autres.
En surveillant les enjeux mondiaux, en prévoyant des solutions de rechange et en travaillant à atténuer le changement climatique, les entreprises peuvent mieux résister aux chocs futurs et soutenir un retour progressif à une chaîne d’approvisionnement plus fluide.