Ligue 1 : comment Amazon a mis la main sur le football français

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Football

Après l’implosion de Mediapro et le manque d’offres assez convaincantes pour la Ligue de Football Professionnelle (LFP) de la part d’autres groupes télévisuels français, la plateforme de streaming en ligne Prime Video a décidé de sauter sur l’occasion. Elle diffusera dès la saison prochaine le championnat de France de football (Ligue 1 et Ligue 2). Une situation historique en football européen qui marque peut-être l’avènement d’une nouvelle tendance.

Ils étaient déjà plus d’un million de visiteurs uniques présents sur la plateforme d’Amazon pour suivre les rencontres de Roland-Garros durant le mois de juin. Le Grand Chelem français, habituellement diffusé en clair sur les chaînes du groupe France Télévisions, a vécu une révolution digitale pour sa 125ème édition avec plusieurs rencontres (les sessions nocturnes) disponibles exclusivement en streaming en direct sur Prime Video. Surfant sur cette réussite avec le tennis, le géant américain s’est directement attaqué à un autre des loisirs préférés des Français : le football.

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80% de la Ligue 1 et de la Ligue 2

La Ligue de Football Professionnelle (LFP) a officialisé vendredi 11 juin l’attribution d’une majeure partie des droits de la Ligue 1 et de la Ligue 2 à Amazon. Ce sera la première fois en France (et en Europe), que des rencontres d’un grand championnat de football seront diffusées sur un service de streaming vidéo. Le géant du numérique a dû débourser environ 259 millions d’euros pour s’offrir huit affiches de L1 par journée, dont celle du dimanche soir avec les meilleures équipes. Un investissement qu’Alex Green, patron des sports d’Amazon Europe, a déjà jugé être une véritable réussite.

Pour l’instant, les fans de Lille, Lyon, Marseille ou du Paris Saint-Germain, mené par sa star Neymar, ne savent pas encore s’ils devront payer un surplus à l’abonnement Prime (qui est de 5,99€ par mois, ou 49€ par an) pour accéder aux rencontres de championnat toute la saison. En tout cas, cela n’avait pas été le cas pour Roland-Garros.

Pas du goût de Canal +

Dans le paysage footballistique, Canal + semble être laissé sur le côté. BeIN Sports a en effet récupéré en début d’année les droits de la Ligue des Champions jusqu’en 2024. C’est donc sur les antennes du groupe qatari que les adeptes de la compétition européenne pourront assister peut-être au premier sacre de Manchester City, finaliste malheureux l’année dernière et dont la victoire en 2022 est déjà cotée à 4.50 sur plusieurs sites de paris sportifs en ligne (chiffres du 22 juin). Mais ce n’est en tout cas pas sur beIN Sports qu’ils pourront savoir si le PSG récupèrera son titre de Champion de France.

En effet, l’offre d’Amazon a été préférée à celle proposée par Canal + et beIN Sports pour les trois prochaines saisons. La célèbre chaîne de télévision cryptée Canal + souhaitait récupérer deux affiches de Ligue 1 de son choix afin de les programmer le samedi après-midi et le dimanche soir. Le groupe de Maxime Saada était prêt à débourser pas moins de 370 millions d’euros annuels pour ces deux rencontres hebdomadaires. En parallèle, une chaîne éditée par beIN Sports devait également être lancée afin d’y diffuser le reste des matches ainsi que les rencontres de Ligue 2, pour 165 millions d’euros par an.

Malheureusement pour le duo, lors de son conseil d’administration du 11 juin, le vote de LFP a été quasi-unanime pour l’offre d’Amazon, considérée comme étant plus stable. Certaines grandes figures comme Jean-Michel Aulas, président de l’OL, ou Nöel Le Graët, patron de la FFF, ont clairement affiché leur position en faveur de la plateforme de streaming vidéo. D’autant plus que la Ligue parvient ainsi à faire entrer un acteur international au sein du football français qui pourrait lui offrir une plus grande visibilité et notoriété. Cela a provoqué la fureur de Canal +, « diffuseur historique », qui a annoncé par communiqué officiel qu’il se retirait finalement de la Ligue 1 pour se concentrer sur ses deux affiches de Ligue des Champions par journée, en plus des autres sports phares de la chaîne (Formule 1, Moto GP et rugby).

C’est donc le jackpot pour Amazon. Après avoir investi le monde du shopping en ligne, des séries et films et maintenant du sport, qui sait quel sera le prochain terrain de jeu du géant du numérique : peut-être se lancera-t-il dans le domaine des jeux vidéo de football ?